Le système d’honoraires comme base de compréhension des mécanismes de gestion, des droits et de la déontologie
Invitée à intervenir à l’ECAL et à la HEAD – Genève auprès des dernières années de Bachelor sur la gestion administrative, j’ai développé un cours en m’appuyant sur le système d’honoraires SGD.
Les questions des étudiants sont pour une grande partie communes et récurrentes :
- Qu’est-ce qu’un prix correct ?
- Combien un designer graphique doit-il gagner ?
- Jusqu’où accepter d’effectuer des corrections ? Où est la limite ? Le client est-il roi ?
- Comment s’en sortir financièrement; quelles options sont envisageables ?
- Quel est notre avenir ?
Ces questions sont légitimes, évidentes, et n’ont pas de réponses toutes faites, si ce n’est celles que les étudiants vont se créer par eux-mêmes. Mon rôle est donc de leur donner accès aux bases légales, aux outils existants comme le système d’honoraires et à quelques récits d’expériences, avant d’ouvrir un questionnement plus large sur la déontologie et sur leurs convictions.
Le système d’honoraires SGD est une ressource que je cite à maintes reprises, car elle permet d’expliquer la gestion administrative et les éléments constitutifs des honoraires :
Taux horaire
Le calcul de son propre taux horaire est fondamental. Car ce n’est qu’en connaissant son taux horaire réel, qu’il est possible d’adapter avec clairvoyance sa marge en fonction du projet.
En plus de l’exemple donné, détaillé par chapitre dans le système d’honoraires, le calculateur du taux horaire SGD (fichier Excel), fourni avec la publication, est d’une grande aide pour faciliter le calcul.
Flux de travail, temps nécessaire
Une fois le taux horaire défini, pour calculer un prix au plus juste, il faut estimer le temps nécessaire à la réalisation du projet. Pour cela, nous devons scénariser son déroulement le plus précisément possible.
Le système d’honoraires propose une représentation du flux de travail complet, avec les différentes phases du projet en regard des étapes de travail.
Cette représentation est une excellente base que le designer n’a plus qu’à adapter et à personnaliser selon le projet et le mandant.
Par ailleurs, la check-list des prestations et la check-list briefing, qui sont fournis avec le système, sont de bonnes aides pour évaluer le temps nécessaire au projet.
Modèle de calcul et devis
J’insiste énormément sur le fait que le devis est un élément déterminant de la future bonne collaboration.
Car c’est souvent lui qui fait office de contrat, mais aussi parce que le devis est le premier élément sur lequel le mandant portera son jugement et qu’il sert d’outil pédagogique pour la compréhension du travail proposé.
Un devis bien rédigé fait office de contrat écrit et protège correctement les droits des deux parties.
Droits d’utilisation
Le système d’honoraires consacre aussi un petit chapitre aux droits d’utilisation. Dans le cadre de mes cours, ce chapitre est complété plus largement par les bases légales du droit d’auteur en Suisse, de sa révision datant d’avril 2020 ainsi que d’exemples visuels et de récits.
La question des droits est abordée en quelques mots dans cette publication, mais est surtout complétée par le service juridique SGD proposé aux membres, que l’on peut contacter pour des cas concrets.
Conditions générales
Le modèle des conditions générales SGD est aussi un précieux outil offert avec le système d’honoraires, car il règle de nombreuses situations délicates qui pourraient se rencontrer : étendue de l’utilisation, utilisation illégale, modification des travaux de tiers, conservation des documents, exemplaires justificatifs, facturation, réduction ou annulation de commande, conditions de paiement, droit applicable etc.
Ce système d’honoraires SGD est donc un excellent outil, à la fois accessible et spécifique, pour appréhender la gestion administrative des designers graphiques.
Pour conclure, je souhaiterais aborder la question d’un nouveau chapitre hypothétique qui traiterait de la déontologie : éthique et rapport à la profession et aux confrères, promotion de l’équité par des procédures saines et loyales et préservation de la qualité de la culture graphique ainsi qu’honneur professionnel.
La déontologie doit, à mon sens, reprendre une place prépondérante dans notre société et être portée avec force par l’association professionnelle, elle doit nous (re-)questionner dans notre exercice professionnel, nos pratiques, nos convictions, mais aussi nos récits fondateurs et nos peurs.
Pour, peut-être, offrir à notre profession plus de transparence, moins de tabous, plus d’équité et ainsi plus de force pour l’avenir.
A l’auteur: Karen Gliozzo-Schmutz est graphiste et co-fondrice de NORDSIX, un bureau de design graphique à Lausanne. Membre du Comté directeur de la SGD jusqu’en 2016, Karen a organisée plusieurs ateliers sur le sujet des tarifs de base et des processus de travail en matière de mandats de graphisme; elle est aussi enseignante-intervenante à la HEAD Genève et à l’ECAL Lausanne.